Temps premier

Un matin d'août.

Ce qu'englobe le regard. Du plus proche jusqu'au plus lointain. Un muret qui surplombe le village jusqu'à la mer et cette plaine enclose parmi les collines.

L'avancée vers cette sorte de venelle, comme un refermement, une limitation du droit de l'intrus à investir un domaine qui n'est pas le sien.

Dont il considère, puisque cela lui fut affirmé, qu'il n'est pas le sien.

Mon pas conjugué à ceux de ma compagne et de ma fille.

Nicole et Léa.

Nos pas.

Les regards qui quêtent ce que sera le point d'ancrage.

L'angoisse, peut-être, de croiser quelqu'un ou quelqu'une, des gens d'ici, de Costa.

L'attente d'une possible réponse au "bonjour" qu'il nous a été recommandé de formuler en toutes circonstances.

Ma mémoire ne me restitue rien. Rien sur ce premier contact, cette première rencontre.

Qui s'est produite, cependant.

Puisque, dans les minutes qui suivirent notre arrivée, une porte s'est ouverte, et qu'il nous a été précisé "c'est ici".

Une maison à visiter. Deux chambres. Une cuisine. Une salle de bain. Des toilettes. Un salon/salle à manger dont la porte-fenêtre s'ouvre sur une étroite terrasse.

Une maison à investir. Durant trois semaines.

Cette maison là fut investie.

Une présence discrète.

Tous les sens en éveil.

Afin de ressentir ou de pressentir.

Sans même imaginer que commençait une histoire d'amour.