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Corse
31 août 2008

Agriates

Relecture d'un roman de Marie FERRANTI: "La fuite aux Agriates". (Gallimard, puis publication en livre de poche dans la collection Folio).

Lors de chacun de mes séjours, je suis toujours resté en marge du Désert. C'est-à-dire que je ne me suis hasardé hors de la route qui va de l'Île Rousse à Saint-Florent. Comme si le mot même de "Désert" générait en moi de sourdes angoisses.

Le roman de Marie FERRANTI, publié en l'an 2000, se construit à la façon d'une tragédie antique. Une tragédie dont l'apparente modernité n'occulte jamais les causes profondes, les causes historiques du drame. Elle met en scène ceux qui se sont engagés dans un combat que le récit effleure à peine et celles qui se situent à la marge de ce combat.

Je me borne, ici, à reproduire quelques paragraphes qui proposent comme une sorte de panorama d'un recoin de ce Désert.

"Ils s'étaient mis en route un peu avant l'aube: la bergerie de Julius était assez loin à l'intérieur des terres. Il fallait prendre la route de Saint-Florent, puis celle de Casta, dépasser Bocca di Vezzu, en face du Monte Genova, prendre une piste défoncée, à peine praticable, qui longe le "Tettu",une petite rivière qui est déjà presque à sec au début de l'été et débouche sur la plage de Mafalcu: ils l'apercevaient quelques fois au détour d'un virage. Au mois d'août, elle est envahie par les touristes en mal de nature sauvage et d'exotisme, mais à cette époque de l'année, elle était déserte.

Le soleil n'était pas encore levé quand ils arrivèrent à la bergerie. Julius les attendait depuis un moment déjà. Il avait préparé du café. L'air embaumait.

Ce qu'ils appelaient la bergerie était une construction en pierres, à la toiture en terre rouge, un pailler, qui disposait d'un enclos. Le terrain où se trouvait la bergerie était très vaste. Il appartenait à la famille de Julius depuis des générations.

Julius avait restauré les voûtes en encorbellement, refait à l'identique la charpente en bois d'olivier, reconstruit le muret de soutènement en pierres sèches, planté des oliviers, des figuiers, mais aussi des citronniers et des lauriers-roses. Chaque année, en septembre, il rebouchait les lézardes de la toiture en terre rouge avec un pâte faite de cendres de bois et d'eau. Il avait rajouté des pierres plates sur le bord du toit qui servaient de gouttière, comme il avait pu en voir dans d'autres paillers abandonnés des Agriates.

Ainsi, les trois premières années, Julius avait cru rebâtir un monde, et puis il s'était lassé de ce travail harassant qui ne lui laissait ni trêve ni repos. Il avait embauché Giovanni. Julius avait éprouvé la rudesse du métier de berger, il ne l'avait pas abandonné, mais avait négligé les tâches les plus ingrates. C'est Giovanni qui s'occupait de tout....."

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