Forêts
Je suis ardennais.
Né sur cette terre de tout là-haut, où les guerres ont laissé une multitude de cicatrices purulentes.
Une terre dont les forêts constituent de véritables joyaux.
Des forêts au coeur desquelles cohabitent et s'affrontent chênes, hêtres, frênes, mélèzes, au profond desquelles les taillis touffus proposent tant et tant d'abris pour les sangliers.
Dans un court message que je lui ai adressé voici quelques semaines, j'ai écrit à Patrizia Gattececa que l'Ardenne, c'est un peu comme une Corse qui n'aurait jamais su quoi entreprendre pour devenir une île.
Reste une certaine anologie.
En raison de certaines correspondances dans la façon d'être des habitants.
A cause des forêts.
Et de tout ce qui les accompagne.
Je me suis émerveillé à découvrir quelques-unes des forêts corses. Au coeur et à la périphérie de la Balagne.
Il n'est pas un seul de mes séjours où je n'ai ressenti l'impérieux besoin de grimper jusqu'à Speloncato, puis de franchir le col et de prendre ensuite le temps de m'égarer en forêt de Tartagine.
Chaque incendie m'est donc une souffrance.
Les forêts d'Ardenne ne brûlent que dans d'exceptionnelles circonstances et, en règle générale, sur des espaces extrêmement réduits.
Les forêts de Corse brûlent trop souvent, et sur d'immenses étendues.
C'est donc cette souffrance que j'ai exprimée, en août 1986, lors de ma première confrontation avec la violence de cette sorte de cataclysme.